L’importance du non-verbal dans l’image d’autrui

Il est intéressant en cette période de débats électoraux, d’analyser la façon dont nous percevons l’image des candidats, l’importance que cette image prend dans notre jugement à leur égard. Car cette analyse est généralisable à toute relation humaine, depuis la rencontre d’un ami jusqu’à un entretien de recrutement.

La particularité de la prochaine élection présidentielle, c’est que notre choix se portera d’abord sur une personne, homme ou femme. Certes ce candidat appartiendra probablement à une famille politique qui nous est plus ou moins proche. Certes les médias auront décortiqué, plus ou moins honnêtement son programme.

Mais c’est finalement le jugement des électeurs sur la capacité du postulant à conduire la politique du pays qui sera l’élément déterminant, autrement dit l’image que les électeurs se seront fait du candidat.

Une étude du CEVIPOF, réalisée en 2006, avait mis en lumière que l’image du candidat, analysée selon cinq axes :

– Il/elle est honnête
– Il/elle veut vraiment changer les choses
– Il/elle comprend les problèmes des gens comme vous
– Il/elle a l’étoffe d’un président de la République
– Il/elle vous inquiète

avait un très fort pouvoir explicatif sur les intentions de vote, au point de dépasser les positionnements politiques habituels des personnes interrogées.

Il est donc important d’essayer de comprendre comment se constitue cette « image ».
Pour une part, elle résulte des commentaires, des informations, des anecdotes que retransmettent les médias, généralement plus axées sur le spectaculaire que sur une connaissance de fond. S’y adjoint également le « buzz » spontané ou provoqué sur internet. C’est ainsi que la fin de soirée électorale de N. Sarkozy au Fouquet’s aura durablement marqué les esprits.
Quand une information, même secondaire, est inscrite dans l’imaginaire des gens, elle y reste durablement au point de neutraliser d’autres informations plus techniques ou factuelles.

Mais l’image que nous renvoie le candidat résulte surtout, nous semble-t-il, des différentes occasions (meetings, débats, interviews) où nous pouvons le voir et l’entendre.

A cet égard, les spécialistes en communication donnent, de façon assez unanime, une statistique impressionnante :

– 7% de la communication humaine passe par les mots utilisés
– 93% du message est constitué par le non-verbal

Autrement dit, ce à quoi nous attachons le plus d’importance, c’est-à-dire le discours, est treize fois moins important, en termes de constitution d’image que tout le reste c’est-à-dire le ton de la voix, son volume, la posture, les gestes utilisés et l’expression du visage.

– Les gestes peuvent venir poser le discours ou le dynamiser. Ils permettent de mettre le public en confiance ou au contraire créer un sentiment de peur, d’installer le speaker et de créer l’empathie ou encore de rendre l’écoute plus active
– La manière dont nous utilisons notre voix a un réel effet sur notre capacité à communiquer. La plupart des élus, au fur et à mesure de leur avancée dans l’échiquier politique, travailleront le ton de leur voix, les modulations, leur débit, les silences
– L’expression du visage est particulièrement importante car l’être humain est programmé pour comprendre 3000 expressions faciales

Ainsi, analyser, décoder le langage non-verbal d’un homme politique dans une de ses interventions peut permettre de découvrir ses sentiments cachés, ou du moins de mieux comprendre le contexte du discours et l’émotion dans laquelle il se trouve.
Mais, que nous en soyons conscients ou non, c’est un des principaux éléments constitutifs de l’image que nous nous faisons du candidat.

Bien entendu, les hommes et femmes politiques disposent, pour être conseillés et entraînés d’excellents spécialistes de la communication politique. Mais heureusement ( ? ) :

– Il est difficile pour un être normal, notamment dans une situation de stress, de contrôler tous les éléments non-verbaux, tellement ils sont nombreux, tout en étant attentif à l’expression verbale
– L’inconscient peut toujours nous jouer des tours : lapsus, bafouillages, omissions…

Ce qui est dit plus haut sur le non-verbal s’applique également, à l’évidence, à tout autre type de communication que la politique :

– Entretiens d’embauche, pour lesquels on pourrait trouver certaines similitudes avec la situation d’un candidat à la présidence…
– Oral devant un jury
– Enfin toute autre sorte de communication, au travail ou avec nos proches  

Voilà des éléments qui peuvent nous faire changer de regard lors des prochains débats …
Auteur : F. Malrieu

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